The Lottery II: Prologue

Coupé de la présence d’Antoine, la petite chambre d’hôtel du Comfort Inn ressemblait à une petite cellule. Privée de son sire, Jackie allais devoir trouver comment occuper son temps. Elle allait tout juste sortir pour l’une de ses escapades nocturne au centre-ville quand elle remarqua un carton plié tenant en équilibre. Son mentor étant parti depuis déjà quelque temps, elle se demandait comment elle avait pu omettre de remarquer cet objet. Peut-être le fouillis de la chambre en avait-il occulté la présence. Néanmoins, nul doute ne faisait que c’était là un message laissé par Antoine : Le nom de Jackie était écrit sur la couverture en lettres calligraphiques rouges nacré, typique de la main du Daeva. Elle l’ouvrit alors pour prendre connaissance du message qu’il avait bien voulu lui laisser.

Citation :

Très chère et magnifique créature de la nuit,

Ne voit pas en ma disparition une menace pour notre amour éternel : La mort elle même ne peut nous séparer.

Étend tes ailes, Jackie, et envole-toi. Je te connais, mon Infant, ma compagne. Si je restais auprès de toi plus longtemps, c’est autant de chaines qui auraient nuis à ta progression.

Mais ne crois pas que je fais cela par plaisir ou par cruauté. J’ai du partir pour une quête personnelle. Je dois poursuivre ce que j’ai commencé… deux cents auparavant. Je dois suivre la Queue du Dragon jusqu’au bout. C’est ainsi que les miens nomment la suite de circonstances suivant la mort d’un être humain. Cette relation de causalité peut s’étendre indéfiniment. Pour l’instant, elle me mène jusqu’en Thaïlande, où une jeune fille a été emmenée pour connaître trop tôt ce que sont les adultes.

Nos destins formeront des entrelacs. À la prochaine croisée, jolie prédatrice.

PS : Je n’ai pas eu le temps de te présenter au Prince. Tu devrais le faire, à moins que tu ne souhaite attiser le mépris qui ne croit que trop facilement en notre Race.

De jolis mots, certes, mais Jackie connaissait trop bien son Sire. Elle connaissait aussi la manière dont il recherchait toujours à connaître la limite de ses talents d’enjôleur. La Daeva remarqua une adresse à l’endos du carton.

Citation :

334 Chemin Villebois.

Jackie allait affronter ce Prince le sourire au lèvres. Décidée à montrer ce dont elle était capable, la kindred prit le chemin de l'adresse mystère sans aucun stress. S'il fallait qu'elle se présente à lui, elle allait le faire avec respect, dévotion et doigté.

Son ange partit, elle prit lentement compte de la solitude qui allait marquer ces pas. Aussi bien se lier le plus rapidement possible à d'autres vampires. Antoine ne devait pas lui manquer, elle se l'était promis. Il lui avait donné la vie, puis était partit. Jackie allait prouver qu'elle n'avait plus besoin de ses conseils.

- Je vais lui prouver qu'il a eu raison de me rendre ma vie. Je vais maintenant faire la mienne à ma façon.

Jackie arriva en vue du Chemin Villebois. Elle avait hâte de rencontrer le Prince. Enjouée et dansante, elle sonna à la porte.

Au premier abord, Jackie dut impressionnée par la demeure somptueuse et la richesse de l'architecture. Elle avait toujours aimer les belles maisons. Toujours le sourire aux lèvres, la Daeva répondit poliment à la demoiselle en blanc.

- Je suis ici pour le rencontrer et le faire savoir de mon existence.

Dans les couloirs, Jackie admira les œuvres-d'art qui habillaient magnifiquement chaque mur.

Citation :

-« Ma parole, les nouveaux arrivants sont nombreux. Toutefois, j’ai le regret de vous annoncer que le Prince n’est pas disponible pour le moment. Le Seneschal va se charger de vous rencontrer. »

Cachant rapidement sa déception, la kindred entra dans le bureau que lui présentait la jeune fille. L'homme assit derrière le bureau semblait quelque peu austère, mais Jackie de s'en formalisa pas. Leurs regards se croisèrent. Un froid s'installa.

- Mon nom est Jackie Webber, nouvellement née. Je suis enchantée de faire votre connaissance Monsieur....

Elle lui tendit lentement sa main tout en attendant qu'il prenne la parole.

Avalant avec difficulté la boule de nervosité qui venait de lui couper le souffle, Jackie répondit le plus gaiement possible.

- De ce qu'Antoine m'a dit, je suis du clan des Daevas, mais je n'ai pas encore de lignée. Cet Antoine est mon sire, et fut le seul vampire que j'ai connu jusqu'à mon arrivé dans ce... manoir. Je suis ici pour vous rencontrer ainsi que le Prince, faire savoir mon existence au monde de la nuit et connaître ceux de mon espèce. Pour ce qui est du logement, j'avoue ne pas trop savoir. Antoine et moi étions à l'hôtel Comfort Inn depuis quelques temps. Maintenant qu'il est partit, j'avoue ne pas savoir.

Elle haussa un sourcil et sourit.

- Peut-être connaîtriez vous un endroit, cher Monsieur Delâge. Je suis un peu perdue en ce moment... Mais ne vous méprenez pas sur mes intentions! Jamais je n'oserais vous manquer de respect.

Elle pris l'air innocente et regarda cet homme froid... Mon dieu qu'il l'intimidait! Vivement le moment où elle sortirait de ce bureau froid et sombre...

-« En effet, me manquer de respect est la dernière chose que vous voudriez oser. »

Le Seneschal croisa lentement les bras, considérant un instant la question de la jeune vampire. Puis il continua sèchement :

-« Il est de votre devoir de vous trouver une demeure convenable. Sachez néanmoins que nous tolèreront votre présence dans le Domaine du Prince pour un court instant; le temps que vous vous méritiez vous-même un domaine. D’ici là, sachez que vous pourrez vous nourrir dans l’un des établissements prévu à cet effet, c'est-à-dire les bars le Crapaud et le Campus.»

D’un signe de main il lui fit comprendre que si elle n’avait pas mieux à faire que de gaspiller de son temps, elle ferait mieux de prendre la sortie. Il en avait terminé avec elle.

Selon toutes les probabilités, Jackie était bien heureuse de sortir de cet entretien. Elle se dirigea vers la porte de sortie. Elle croisa à nouveau la jeune fille blonde qui la salua. Elle ne souriait pas mais avait un regard qui semblait dire qu'elle comprenait et s'excusait de la démarche du Seneschal.

-"Bienvenue" lanca-t'elle avant que Jackie ne parte.

Non moins contente de sortir de se bureau, Jackie se dirigea vers la sortie, décidé à prouver encore une fois qu'elle était débrouillarde. Elle croisa a nouveau la vampire qui lui avait ouvert la porte. Celle-ci semblait désolé pour elle. Cela réconforta Jackie car, en quelque sorte, cela prouvait que l'on pouvait avoir du coeur même en ayant perdu son âme. Le Seneschal lui avait fait douter.

Elle remercia donc cet jeune femme pour son hospitalité. Puis, avant de quitter, elle se retourna pour lui demander son nom.

- Marie.

- Moi c'est Jackie. Heureuse de faire ta connaissance.

Puis elle quitta la demeure. Premier arrêt: le Crapaud. Autant se restaurer avant de commencer sa recherche de logement.
Et pourquoi pas postuler sur un emploi de barmaid... Cela lui permettrait de bien s'ancrer à Alma, ainsi que d'avoir un œil sur son prochain repas...

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Jackie entra dans le Bar. C’était l’une de ces journées chaudes où tous semblaient s’être donné le mot pour aller prendre du houblon en ville. Le Bar était bondé jusqu’au milieu de la rue Sacré-Cœur. Avancer était pénible et ne se faisait pas sans bousculer quelques fêtards. Néanmoins, la vampire ne s’en tirait pas trop mal. Elle fendait la foule comme la faux coupait le blé. La soif la tenaillait, qui donc allait être sa prochaine victime? La tension était à son comble. Sacs de sang lascifs, les gens se frottaient sur Smack my Bitch up de Prodigy.

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Après avoir fait un tour rapide, Jackie remarqua plusieurs cibles faciles. Elle allait vers l’une d’elle quand elle fut interrompue dans sa lancée par le regard d’une vieille connaissance. C’était un jeune voyou qu’elle connaissait bien : Vincent Asselin-Bois. Celui-ci fut confus quelques secondes mais réalisa à qui il a affaire. Il détourna son regard un instant pour crier quelque chose à une autre connaissance de Jackie : sa compagne Sabrina. Il se lèva rapidement et vint à la rencontre de la vampire, tentant tant bien que mal de traverser les plusieurs mètres bondés de gens qui le séparait de la Daeva.

Jackie était extrêmement à l'aise dans cet environnement bondé et bruyant. Elle était enthousiaste d'enfin revenir au bar. Antoine et elle étaient aller plusieurs fois ensemble pendant que ce dernier était encore là.

Cette soirée semblait parfaite. Les proies potentielles semblaient se bousculer et Jackie ne savait plus où donner de la tête. Elle draguait par-ci, envoyant un clin d'œil par-là. Elle se mouvait avec grâce et fierté.

Puis, elle le vit. La Daeva n'arrivait pas à en croire ses yeux. Vincent et Sabrina? Ici?? Qu'allait-elle leur dire? Comment allait-elle expliquer son absence, mais surtout comment allaient-ils réagir en la voyant ainsi? Allaient-ils voir une différence? Il était trop tard pour reculer.

- Jackie? Qu'est-ce que tu fais ici, au Lac? T'es ben perdue!, s'exclama Sabrina.
- Et vous alors?, répondit-elle tout en ignorant le regard suspicieux de Vincent.
- Ben nous on vient voir de la famille! Et puis... Vince avait une affaire dans le coin qui va durer un moment alors... On est là pour un bon bout! Mais toi... t'étais où? T'étais sensée nous appeler en sortant de ton expérience machin-truc en Alaska! Ça c'est bien passé? On a entendu des choses affreuses!
- Hé bien, heu.... Si on veut. J'ai rencontrer du monde en masse, le côté social était le fun.

Vincent prit Sabrina par les épaules et prit sa place devant Jackie. Son regard pesait sur ses épaules. La musique étant très forte, Vincent dû se pencher vers la jeune vampire pour lui livrer son discours.

- On a apprit qu'un volcan avait explosé là-bas pendant l'expérience... Ils ont dit à la télé que y'avait pas de survivants... Les filles ont pas voulu le croire, mais pas moi. J'te croyais morte, et là t'es là, en plein milieu d'une région où t'as même pas rapport. Qu'est-ce qui se passe, la grande? Tu nous cache des affaire astheure? T'as de quoi à te reprocher? Tu joue la morte?

Jackie sentait son haleine d'alcool à travers les accusations. Sabrina restait en retrait. Elle aussi se posait les mêmes questions.

- Et toi Vincent Asselin-Bois? Pour toutes les fois où c'est toi qui t'es ramassé dans l'pétrin pis que Sabrina où un de tes copains Bloods ont dut venir t'aider, j'en ai pas poser de criss de questions! Moi et un petit groupe on a réussit à s'enfuir. Vous avez pas idée de ce que j'ai dû endurer pour me sortir de là, alors pourquoi vous êtes pas juste contents de me revoir et arrêter de me poser des questions?, tempêta la Daeva.

La tension était palpable. Sabrina tenta nerveusement d'éloigner Vincent de Jackie, qui se défiaient du regard. Puis, sans aucune raison, le Blood éclata de rire.

- T'as toujours eu un fichu de caractère, Webber! Tu te laisses pas marcher sur les pieds! Venez donc, on va aller l'autre bord chez Sacrey Joe. On va pouvoir parler tranquillement et fêter nos retrouvailles devant un belle poutine! J'me meurt de faim. On reviendra après...

Vincent prit les devants. Jackie et Sabrina se regardèrent pendant un cours instant, abasourdies, puis sourirent et emboitèrent le pas du voyou. Jackie espérait avoir éviter un drame... Comment se sortir de se pétrin maintenant? Elle devait toujours se nourrir...

Jackie baissa les yeux en soupirant. Un ange passa le temps qu'elle trouve les bons mots pour répondre.

- Tu sais Sab... ce que j'ai vécu là-bas, je te souhaite jamais ça. Je vais t'épargner les détails, pis les horreurs que y'avaient... ça pas de nom. J'essaie simplement de me sauver de ça pendant un boute... de m'éloigner. Tu sais comment que moi pis ma famille ont a toujours été crissement proches... Ça me fait vraiment mal, mais je suis pas capable de les appeler... pis ça leur feraient trop d'mal! Si jamais tu veux leur glisser un mot comme quoi j'suis correct, ça me rassurerais.

Jackie fut momentanément interrompue par la serveuse qui revenait. Sabrina commanda des croquettes de poulet, Vincent une grosse poutine-fromage-en-crottes-sauce-hot-chicken-luxueuse. Jackie prétexta ne pas avoir faim. La serveuse repartit et Jackie reprit où elle en était.

- J'suis ici pour je sais pas combien de temps, pis je sais pas si je vais revenir à la maison un jour, mais j'veux pas rendre le monde malheureux... J'aimerais ça vous voir encore si j'peux... pis le reste de la gang aussi si il descendent dans l'coin... Mais pas trop...

Jackie leva les yeux vers Sabrina. Elle attendait une réaction.

- Écoute ma belle, commença Sabrina, t'es pas obligé de toute me dire, mais ça va me faire plaisir de faire tes messages. Si jamais t'es dans la merde, tu sais que moi pis Vince on va être là pour un boute.

Ce dernier grommela un peu, mais lança tout de même un clin d'œil à la Daeva quand celle-ci l'interrogea du regard.

- On c'est loué un appart sur la rue Collard, si jamais t'as besoin d'aide...

Jackie sursauta.

- Un appart? Parlant d'aide... j'ai de quoi à vous demander. Vous sauriez pas où je pourrais m'en trouver un?

Sabrina et Vincent se consultèrent du regard.

Quittant son copain regard, Sabrina lança :

-« Bah t’a juste à v’nir chez nous demain, j’travaille pas. On "checkra" ça. »

-« Surement qu’t’a besoin de quoi de discret… probablement que j’pourrais t’refiller un ou deux contacts. » ajouta Vincent.

Fouillant pour trouver son portefeuille, Vincent en sortie deux billets de vingt dollars qu’il tendit à Jackie.

-« Tiens, prend ça, s’pas gros, mais surement que t’a besoin de cash. Sinon prend lé pareil pis farme là, dit-il sur un ton autoritaire. Avant de chialler que t’a pas besoin de charité, rappelle toi que j’tel prête s’t’argent là. Falloir tu me rendre service a man’né!! » Il ponctua la phrase d’un clin d’œil entendu. Avant d’aller au comptoir régler l’addition.

-« Profites-en donc pour manger un peu, j’te trouve pâlotte pas mal. T’a pas de misère à te nourrir j’espère!? »

Sabrina scrutait son amie d’une manière un peu inquiète.

Jackie éclata de rire.

- T'en fais pas! Je vais bien, juste un peu sous le choc de ce que j'viens de vivre. Pis c'est nice de m'inviter chez vous. J'vais venir vers 9 ou 10 heures par exemple. J'ai une couple d'affaire à régler avant pendant la journée.

Vincent revint du comptoir, pendant que Sabrina donnait l'adresse à son amie.

- En tout cas man, merci ben gros pour l'argent. Je sais ce que ça implique, j'vais te le rendre t'en fais pas, termina Jackie avant de se lever. J'vous vois demain!

Le couple la suivie des yeux pendant qu'elle quittait la table. L'inquiétude n'avait pas quitté les yeux de Sabrina.
La Daeva sortie du restaurant et retraversa discrètement vers le bar. Elle devait à tout pris se nourrir.

Et vérifier pour un job.